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    Que signifie la Prière en hébreu ?

    Dans la langue française, la prière est souvent perçue comme une demande adressée à Dieu ou à quelqu’un d’autre. On parle souvent de « demander quelque chose avec ferveur ». Et c’est vrai, la prière peut inclure des demandes. Mais cette vision, centrée sur la requête, ne rend pas justice à la profondeur de la notion biblique.

    En hébreu, le mot derrière la prière est תְּפִלָּה (tefilah), issu du verbe להתפלל (lehitpalel), qui signifie littéralement « s’examiner soi-même », « se juger » ou « se livrer à une introspection ». La prière n’est donc pas seulement un acte extérieur, c’est aussi un moment où l’on se regarde soi-même, où l’on se recentre, et où l’on crée un lien authentique avec le Créateur. Cela fait penser aux paroles de l'apôtre Paul : "Examinez-vous vous mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes..." (2 Corinthiens 13:5)

    Une prière qui crée un lien

    Dans la tradition juive, notamment chez les hassidim, la tefilah est comprise comme un moment d’introspection menant à une communion intime avec Dieu. On dit que c’est comme un enfant qui se tourne vers son père avec ouverture, confiance et authenticité. La prière devient alors moins une demande qu’un espace où l’Homme se présente tel qu’il est devant le Créateur.

    L’enseignement de Yeshoua (Jésus)

    Lorsque ses disciples lui demandent comment prier (Matthieu 6:9), Jésus ne se limite pas à donner une liste de requêtes. Il leur apprend à s’adresser à Dieu comme à « notre Père », soulignant la proximité et la relation intime avec le Créateur. Il les met également en garde contre les répétitions vaines, typiques de certaines pratiques païennes (Matthieu 6:7). Ainsi, la prière n’est pas un rituel mécanique mais un dialogue sincère.

    Le mystère de la « maison de ma prière »

    Ésaïe apporte un détail fascinant :
    « Je les amènerai sur ma montagne sainte, et je les réjouirai dans la maison de ma prière » (Ésaïe 56:7).

    Le texte hébreu, בֵּית תְּפִלָּתִי (beit tefilati), se traduit littéralement par « maison de ma prière » et non « ma maison de prière ». Cette nuance révèle une vérité surprenante : Le texte suggère que Dieu lui-même entre en « prière » avec son peuple, créant une relation réciproque. La prière n’est donc pas seulement ce que l’homme dit à Dieu, mais un espace de rencontre où Dieu se lie à nous.

    Conclusion

    La tefilah n’est pas seulement une liste de demandes ou un rituel extérieur. C’est un espace d’introspection et de communion, où le croyant s’ouvre à son Dieu dans cet espace de rencontre. La prière devient donc une expérience relationnelle, un miroir de fidélité, de transparence et de confiance.